11/11/2023 0 Comments Mon cher journal intimePourtant le prisonnier vit et ne meurt pas, rien ne parait en dehors de ce qui se passe en dedans, il se porte bien, il est plus ou moins gai au rayon de soleil. “Voila un fainéant” dit un autre oiseau qui passe – celui là c’est un espèce de rentier. Et puis la cage reste là et l’oiseau est fou de douleur. Un oiseau en cage 29 au printemp sait fortement bien qu’il y a quelque chose à quoi il serait bon, il sent fortement bien qu’il y a quelque chose à faire mais il ne peut le faire, qu’est ce que c’est, il ne le se rappelle pas bien, puis il a des idees vagues et se dit “les autres font leurs nids et font leurs petits et élèvent la couvée”, puis il se cogne le crâne contre les barreaux de la cage. Cette campagne que tu vois, ces maisons, ces arbres, ces jeunes filles qui passent là en riant, c’est la patrie! les lois qui te protègent, le pain qui paye ton travail, les paroles que tu échanges, la joie et la tristesse qui te viennent des hommes et des choses parmi lesquels tu vis, c’est la patrie! La petite chambre où tu as autrefois vu ta mère, les souvenirs qu’elle t’a laissés, la terre où elle repose, c’est la patrie! tu la vois, tu la respires partout! Figure toi, tes droits et tes devoirs, tes affections et tes besoins, tes souvenirs et ta reconnaissance, réunis tout ça sous un seul nom et ce nom sera la patrie.” Vous trouverez dans le philosophe sous les toits de Souvestre comment un homme du peuple, un simple ouvrier, tres misérable si on veut, se représentait la patrie, 24 “Tu n’as peut-être jamais pensé à ce que c’est que la patrie, reprit-il, en me posant une main sur l’épaule c’est tout ce qui t’entoure, tout ce qui t’a élevé et nourri, tout ce que tu as aimé. Mais voici à peu près où j’en suis sur ce sujet. Si j’en ai d’impossibles ou de puériles, puissé j’en être delivré, je ne demande pas mieux. Mais diras tu, pourtant, tu es un être exécrable puisque tu as des idées impossibles de religion et des scrupules de conscience puériles. Que quiconque croit en Dieu attende l’heure qui viendra tôt ou târd. Maintenant voilà, que faire, entretenir ce foyer en dedans, avoir du sel en soi-même, 23 attendre patiemment – pourtant avec combien d’impatience, attendre l’heure dis je, où quiconque voudra viendra s’y assoir, demeurera là, qu’en sais je. Tel a un grand foyer dans son âme et personne n’y vient jamais se chauffer et les passants n’en aperçoivent qu’un petit peu de fumée en haut par la cheminée et puis s’en vont leur chemin. Et puis on dit, Jusqu’à quand mon Dieu! 22 Bon, que veux-tu, ce qui se passe en dedans cela paraît-il en dehors. A cause de cela on n’est pas sans mélancolie, puis on sent des vides là où pourraient être amitié et hautes et sérieuses affections et on sent le terrible découragement ronger à l’énérgie morale même et la fatalité semble pouvoir mettre barrière aux instincts d’affection, ou une marée de dégoût qui vous monte. Vois-tu, cela me tourmente continuellement et puis on se sent prisonnier dans le gêne, exclus de participer à telle ou telle oeuvre, et telles et telles choses nécessaires sont hors de la portée. 1v:2ĭonc tu ne dois pas penser que je renie ceci ou cela, je suis un espece de fidèle dans mon infidélité et quoiqu’étant changé je suis le même et mon tourment n’est autre que ceci, à quoi pourrais-je être bon, ne pourrais je pas servir et être utile en quelque sorte, comment pourrais j’en savoir plus long et approfondir tel et tel sujet. 6 Et je ne m’en repens pas, et maintenant encore loin du pays, j’ai souvent le mal du pays pour le pays des tableaux. Lorsque j’etais dans un autre entourage, dans un entourage de tableaux et de choses d’art, tu sais bien que j’ai alors pris pour cet entourage-là une violente passion qui allait jusqu’à l’enthousiasme. Par exemple pour nommer une passion entre autres, j’ai une passion plus ou moins irrésistible pour les livres et j’ai le besoin de m’instruire continuellement, d’étudier si vous voulez, tout juste comme j’ai besoin de manger mon pain. Mais il s’agit de tâcher par tout moyen de tirer de ces passions même un bon parti. Maintenant cela étant, que faut il faire, doit on se considérer comme un homme dangereux et incapable de quoi que ce soit. Je pense que d’autres personnes peuvent aussi quelquefois faire pareilles imprudences. Il m’arrive bien de parler ou d’agir un peu trop vite lorsqu’il vaudrait mieux attendre avec plus de patience. Moi je suis un homme à passions, capable de et sujet à faire des choses plus ou moins insensées dont il m’arrive de me repentir plus ou moins.
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